dimanche 8 mars 2009

Vallée de la Loire

La vaste région viticole du Val de Loire s'étend quasi horizontalement depuis le centre de la France jusqu'à l'océan atlantique, à l'embouchure du fleuve: elle relie les villes de Sancerre et de Nantes. Autant dire que les terroirs, bien que septentrionaux, présentent une variété qui coule de source, déclinée en quelques 68 appellations et VDQS de blancs, rosés et rouges vinifiés en vins tranquilles ou mousseux.

Le Centre
A l'est règne un climat à l'influence continentale: les vins de Sancerre et de Pouilly-Fumé, expriment bien sa rudesse relative. Ce sont deux AOC se trouvant de part et d'autre de la Loire, célèbres pour leurs production de blancs secs minéraux et fumés, issus du cépage Sauvignon. Le vignoble de Chablis en Bourgogne et son Chardonnay ne sont pas très loin, après tout.
Le Sancerrois produit également du rouge léger aux arômes de fruits rouges, à partir du cépage Pinot noir, ainsi que du rosé.
Un peu plus à l'ouest se trouvent les appellations Menetou-Salon, Quincy (sans doute le terroir français où s'exprime le mieux le cépage Sauvignon) et Reuilly.
Un peu moins connues, mais valant le détour: les VDQS de Côtes d'Auvergne, ainsi que Saint-Pourçain, dans l'Allier.

La Touraine
En progressant vers l'ouest, la Loire remonte jusqu'à Orléans et redescend vers Blois: on entre dans l'aire d'appellation de Touraine, qui s'étend jusqu'aux limites de l'Anjou et comprend une vaste palette de terroirs différents.
Parmis ceux-ci ont été reconnues les AOC suivantes:
- Vouvray, célèbre pour ses mousseux à base de Chenin blanc, mais produisant également des vins tranquilles secs ou moelleux,
- Chinon, produisant essentiellement des rouges qui, suivant le terroir, vont du léger et délicat, au plus corsé et charpenté,
- et Bourgueil, où le Cabernet Franc est à l'origine d'un vin rouge floral, fruité, plus animal à maturité. L'aire viticole de Saint-Nicolas-de-Bourgueil se distingue par des vins remarquables, évoquant les fruits rouges, pouvant se consommer dès leur première année mais qui se bonifient et ne craignent pas une garde de 10 années.
Plus au nord se trouvent le vignoble des Coteaux-du-Vendômois (VDQS) ainsi que l'AOC de Jasnières. Cette dernière produit des blancs secs (issus du Chenin blanc), floraux et fruités, évoluant vers les fruits secs et le miel. Les grands millésimes sont l'occasion de produire également des mœlleux (très proches de leurs homologues des bords de Loire).

Anjou et Saumur
En remontant vers Angers, l'influence océanique commence à se faire sentir sur les différents terroirs étendus principalement au sud de la Loire.
En Anjou, le rosé représente la moitié de la production. Ces vins très gourmands, ronds, voire sucrés, mais à la fois très vifs, ont des arômes de fruits rouges, de bonbon anglais. A boire jeunes, ce sont les compagnons idéals des beaux jours, comme le fameux Cabernet d'Anjou.
Mais n'oublions pas pour autant de recommander les vins blancs, à dominante Chenin, ainsi que l'Anjou rouge, très aromatique, aux notes de bonbons anglais lorsqu’il est vinifié en primeur.
Les apellations Coteaux-du-Layon et Bonnezeaux (plus confidentielle) produisent de charmants vins moelleux composés exclusivement de Chenin Blanc récolté à surmaturité. Les meilleurs millésimes peuvent se garder 20 ans.
Les vins rouges de Saumur sont légers et fruités, avec un potentiel de garde de 5 ans. On y produit également des blancs secs ou moelleux, ainsi que d'agréables mousseux (Saumur brut) obtenus à partir du Chenin.
Les vins de Saumur Champigny comptent parmi les meilleurs rouges de la Vallée de la Loire, ils peuvent se garder jusqu'à 10 ans.
Dernière précision: le Saumurois étant un sous-ensemble de l'Anjou, les vins du Saumurois peuvent prétendre aux appellations Anjou.

Le pays Nantais
Ce vignoble, le dernier que traverse la Loire dans son long périple, s'étend au sud et à l'est de Nantes, des rivages de l'Océan Atlantique à la ville d'Ancenis.
Compagnon idéal des huîtres et coquillages, le Muscadet, issu du seul cépage Melon de Bourgogne, est un vin blanc floral et fruité, au perlant remarquable. La dénomination "sur lie" désigne le fait que le vin se trouve encore sur ses lies de fermentation avant la mise en bouteille, après avoir passé un seul hiver en fût ou en cuves, ce qui lui confère un bouquet plus complet et plus de fraîcheur en bouche.
La deuxième grande appellation de cette région est le Gros Plant (VDQS), issu du cépage Folle blanche (originaire du Gers mais nommé Picpoul, il est présent dans l'Armagnac). Ses arômes sont à dominance végétale, avec des notes de fleurs blanches et d'agrumes. Il est le seul avec le Muscadet à pouvoir porter la mention "sur lie".
Au nord de la Loire s'étend l'AOC Anjou Coteaux de la Loire, qui produit des vins tendres à moelleux au caractère plus léger que les Coteaux du Layon. Sur la rive opposé on trouve l'appellation Coteaux d'Ancenis, en VDQS, dont la moitié de la production est faite de vins rouges fruités et légers, et l'autre de vins blancs et rosés.

Principaux cépages utilisés:
Rouge et rosé: Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon, Gamay, Pinot noir, Pineau d’Aunis, Grolleau
Blanc: Sauvignon, Chenin blanc, Melon de Bourgogne, Folle blanche, Chasselas, Romorantin

mercredi 18 février 2009

Oh Bigre! (bar à vin)

4, rue Bridaine - Paris XVIIème, le 17 février 2009
Profitant d'un coffret cadeau (que je ne nommerai pas ici), sur le thème des bars à vin, nous avons, ma femme et moi choisi un établissement parisien au nom surprenant (Oh Bigre!) mais ce ne fut pas le seul critère. Plus que la quantité de verres de vin proposés, nous voulions aussi bien manger et ce bar proposait un petit plus: un commentaire sur les accords mets et vin.
En plein quartier des Batignolles, Oh Bigre! est avant tout un petit établissement convivial et sans chichis. L'accent est mis sur les vins servis et non sur un cadre sophistiqué ou une quelconque ambiance lounge à la mode.
Pour débuter, une assiette de saucisson nous est servie, ainsi qu’une bouteille de vin rouge que le maître des lieux nous demande de ne pas regarder: surprise, c’est une dégustation à l’aveugle (mon jeu préféré).

Accord charcuterie/vin rouge
Un verre en main chacun (ainsi que notre amphitryon), nous somme invités à sentir les arômes du breuvage. Des notes poivrées et de sous-bois, une robe claire, je désigne un peu au hasard le cépage Gamay, et mets dans le mille! En même temps, avec la charcuterie, c’était tout indiqué. Notre hôte nous apprend par la suite que c’est un Morgon, un des crus du Beaujolais, que nous sommes en train de savourer.
L’homme est très prolixe, car pêle-mêle nous nous voyons conter moult anecdotes et secrets de fabrication du vin, notamment la volonté de la maison de travailler avec des vignerons rompus aux techniques les plus naturelles qui soient, et qui se gardent d’utiliser jusqu’aux 500 additifs parfois employés dans l’industrie du vin (à vérifier, mais c’est plausible).

Accord fromage/vin blanc
Pour la seconde dégustation, des morceaux de Comté agrémentés de noix et de raisins secs nous sont servis, avec un verre de vin blanc. Cette fois-ci, le voile est vite levé car un indice précieux nous est livré: le vin provient de la région de production du fromage… C’est le Jura, non?
En effet, nous dégustons un Côtes du Jura aux effluves de miel (allant jusqu’à la cire), de pain grillé et de viennoiseries. Contrairement au précédent accord, il nous est demandé de boire le vin avec le fromage en bouche: c’est alors un véritable ping-pong où vin et fromage s’enrichissent mutuellement, et à la rétro-olfaction, les arômes de pâtisserie et de noix sont encore soulignés.
Plus long en bouche que le premier, le vin est plus gourmand aussi.

Pour résumer, nous avons passé une très bonne soirée, entre de bonnes mains et à la bonne franquette.
Oh Bigre! Même aux toilettes, un petit poème insolite ne manque pas de distraire les messieurs debout:
Heureux qui comme Ulysse
Loin du bruit de la guerre
Baise un petit cul
Et boit dans un grand verre.
Vide l'un, emplit l'autre,
Et passe avec gaieté
Du cul de la bouteille
Au cul de la beauté.

dimanche 14 septembre 2008

Meursault Roux Père & Fils 2005

N'y tenant plus, je me décide à ouvrir ce week-end la bouteille la plus prestigieuse de ma cave. Dimanche matin, jour de marché, je choisis un poisson rare à la chair fine pour l'accompagner: un turbo de Bretagne. Au four le midi, poêlé pour le repas du soir.
Une fois le précieux breuvage bourguignon versé, il laisse apparaitre une belle couleur dorée, un peu pâle, mais très attrayante. Déjà, les bords du verre présagent d'une teneur alcoolique élevée.
La première olfaction est très intense: c'est un vin puissant. Un fort arôme d'ambre teinté de brioche, tout en fraicheur et en vivacité surprend au premier abord. Je n'ai pas l'habitude de sentir un tel parfum, c'est très déconcertant, mais pas désagréable.
En bouche, c'est une confirmation grandiose: non seulement le vin est d'un équilibre parfait entre alcool, acidité et sucres, mais il se paye le luxe de posséder une finale exceptionnellement longue, trente secondes de pur bonheur beurré et caramélisé, d'une finesse rare.
Les arômes ne sont finalement pas sans rappeler un certain Gewurztraminer Kuehn 2006 Cuvée Sainte-Marguerite, en plus subtils et délicats.
Bref, un vin d'une grande noblesse, sûrement dégusté un peu jeune, et qui triomphera de plus belle après de longues années de garde.

Note provisoire: 4,5/5

mardi 26 août 2008

Pommard Gilbert & Philippe Germain 2005

Ce dimanche, c'était Bourgogne... Une fois n'est pas coutume, la rareté de ces vins fait que nous savons les apprécier lorsqu'ils passent à portée de nos papilles. Pour accompagner notre poulet fermier rôti, nos invités sont venus avec un Pommard dégoté chez un caviste parisien : un millésime 2005 de Gilbert & Philippe Germain.
Cette dégustation d'une AOC de la Côte de Beaune fut une première, en ce qui me concerne. Et elle fut à la hauteur de sa réputation: une jolie robe soutenue, un nez de fruits rouges et de sous-bois, des tanins élégants et fondus, bref, un enchantement mémorable.
J'ai un petit penchant pour les grands Bourgognes pas trop vieux, mais nul doute que ce domaine Gilbert & Philippe Germain a su tirer parti du meilleur du Pinot Noir, et qu'un vieillissement approprié le portera au sommet.

Note: 4,5/5

Merci Julie & Guillaume!

mercredi 25 juin 2008

Nicolas

On ne présente plus cette chaîne de magasins spécialisés dans le vin depuis presque deux siècles. Je n'ai pourtant fréquenté ces boutiques que sur le tard (début 2007). Et c'est tant mieux, car j'ai pu me faire une idée de ce qui se vend ailleurs avant d'aborder une référence du marché.
Chez Nicolas, j'ai rarement été déçu de la qualité d'une bouteille, et encore, parfois le caviste m'avait prévenu. Le seul souci, c'est qu'il n'est pas possible de goûter un vin avant achat: il faut se fier aux conseils du vendeur, même s'ils ne sont pas toujours pertinents (cela varie bien sûr d'un magasin à l'autre).
Le catalogue de vins proposé est très diversifié, mais on ne trouve pas tout dans chaque boutique: le caviste fait sa sélection, en fonction de son type de clientèle et du chiffre d'affaire visé. Un point intéressant: la présence systématique de vins du monde, essentiellement du continent américain, mais aussi européen, et quelques vins australiens. Le Zinfandel-Shiraz de Fetzer (Californie) est très original et d'un bon niveau pour environ 6 € la bouteille (attention, le bouchon n'est pas en liège, mais à vis: ce n'est pas un vin de garde).
Pour revenir à la France, sans chauvinisme aucun, on trouve de très bons produits comme le Château Marsannay, un succulent Bourgogne dont le millésime 2002, m'a impressionné à la dégustation, en 2006. Côté blanc, citons le Riesling "Les Princes Abbés", une valeur sûre au rapport qualité/prix excellent (proposé uniquement lors de la foire aux vins), ou encore le Gewurztraminer Kuehn 2006 Cuvée Sainte-Marguerite.
Pour généraliser, disons que la qualité n'est pas très homogène au dessous de 8 € la bouteille. A partir de ce prix, pas de problème, on peut acheter les yeux fermés.
Mais n'oublions pas qu'il y a aussi de bons produits à moins de 6 €, comme le Côtes de Provence rouge Domaine de Pouverel, malheureusement sorti du catalogue cette année...

mardi 24 juin 2008

Villa des Bordes

9, rue des Bordes - 45370 Cléry-Saint-André, le 21 juin 2008
Deux ans après notre premier passage dans la région d'Orléans, nous avons décidé de retourner dans ce restaurant qui nous avait enchanté la première fois. Tout fut comme dans notre souvenir: du cadre au menu, en passant par le service, discret et courtois.
La villa du XIXème, qui propose aussi son hôtel de 9 chambres, est située non loin de la Basilique N-D de Cléry, dans une rue calme. A la belle saison, une petite dizaine de tables sont dressées dans le jardin attenant, dominé par d'imposants arbres centenaires, le tout baignant dans une sérénité à peine troublée par le chant des oiseaux. Je n'en dis pas plus, sinon qu'on a presque l'impression d'être invités chez des amis.
Bien sûr, la cuisine est à la hauteur de l'endroit: les ingrédients du terroirs comme d'autres plus traditionnels sont préparés avec inventivité et savoir-faire, et présentés avec ingéniosité pour surprendre les yeux comme les papilles. Tels sont les nems de rillettes de Cléry Saint André et leurs Tapas de sot l'y laisse, les poitrines de caille et autres "bonbons" de pomme de terre, à découvrir (ainsi que des desserts tout aussi surprenants), à la Villa des Bordes, pour un budget allant de 25€ à 40€ le menu sans les boissons.
La carte des vins n'est pas en reste, proposant des crus variés et pour toutes les bourses. Le lieu suggérant un Val de Loire, nous avons dégusté un jeune Saumur Champigny qui accompagna notre délicieux repas.

http://www.villadesbordes.com/

mardi 10 juin 2008

Intercaves

La spécialité de cette chaine de distribution de vins en franchise, c'est le volume: de la caisse de six bouteilles à la vente en vrac, en passant par le pack de 5 ou 10 litres, idéal pour les barbecues, les fêtes entre amis.
Bien sûr, on peut très bien acheter son vin à la bouteille, mais le prix est moins intéressant qu'en carton de six. Toutefois, il est souvent possible de déguster avant d'acheter, ce qui est très apréciable, même si cela ne concerne pas tous les vins en vente dans la boutique.
Dans tous les cas, on peut au moins recueillir les conseils avisés du commerçant, généralement assez calé dans l'univers des régions viticoles et de la dégustation du vin.
Les vins vendus en bouteille(s) vont de la consommation courante au crus prestigieux, provenant de toutes les régions françaises, mais rarement du reste du monde. Ainsi, le choix est surtout important pour le Bordelais et la vallée du Rhône, la Loire et le Languedoc (dans l'ordre décroissant). On trouve aussi de bonnes bouteilles d'Alsace, du Sud-Ouest, et un bon choix de Champagnes. Les bourgognes ne sont pas en reste, mais c'est comme partout, il faut mettre le prix.
Même si nous avons été parfois déçus par certains produits recommandés par le caviste (après tout, il a un stock à écouler), il y a de très bonnes affaires à faire, mais la qualité est assez peu homogène en dessous de 12€ la bouteille: il faut vraiment goûter avant d'acheter.
Il y a de très bons vins à moins de 6€, par exemple le Bergerac rosé Baron de Peyrac, et parfois même des bordeaux de dix ans en cartons de six, à boire rapidement !
Demandez à déguster du Quincy, du Jasnières (blancs sec de la Loire), autour de 9/10€, un très bon investissement.
N'oublions pas non plus le choix de whiskies et d'alcools, quelques bières et produits gastronomiques (pâtes, foies gras) et les accessoires en tout genre.

Clin d'œil sur le vin